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Ettore Sottsass, « Kachinas »

23/09 – 05/11 2011
18 rue de Seine

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La Galerie DOWNTOWN François Laffanour, dans son espace dĂ©diĂ© au design moderne et contemporain, 33 rue de Seine, prĂ©sente une collection de vases inĂ©dite : les « Kachinas », une suite de 20 piĂšces dessinĂ©es par Ettore Sottsass en 2004 inspirĂ©es des figurines de la culture des Indiens Hopis d’AmĂ©rique. Avant sa disparition en 2007, Ettore Sottsass a donnĂ© son accord au Cirva (Centre International de Recherche sur le Verre et les Arts plastiques) Ă  Marseille et Ă  l’atelier Van Tetterode Ă  Amsterdam, pour la production de chaque vase. Le travail de rĂ©alisation de 5 exemplaires de chaque modĂšle a Ă©tĂ© terminĂ© en 2010.

« Faire du design, ce n’est pas donner forme Ă  un produit plus ou moins stupide pour une industrie plus ou moins luxueuse. Pour moi le design est une façon de dĂ©battre de la vie ».

PrononcĂ©e par Ettore Sottsass en 1981, au moment de la fondation du groupe Memphis dont il fut l’inspirateur, cette citation pourrait qualifier la collection Kachinas, d’oeuvres pleines d’esprit, ces piĂšces Ă©tant en effet symptomatiques de cette force spirituelle si typique de son travail, pionnier du renouvellement du design italien d’aprĂšs-guerre, alors que le rationalisme accusait des formes strictes, raisonnĂ©es et systĂ©miques.

AprĂšs une formation Ă  l’Ecole Polytechnique de Turin, Ettore Sottsass (1917 – Innsbruck, 2007- Milan), architecte – designer italien, dĂ©bute sa carriĂšre en tant que collaborateur de son pĂšre, Ettore Sottsass Sr., figure majeure de l’architecture italienne. Ayant crĂ©Ă© sa propre agence Ă  Milan en 1947, il part Ă  New York oĂč il travaille au sein du cabinet George Nelson, avant de revenir en Italie oĂč, entamant une collaboration Ă©troite qui durera prĂšs de 30 ans, il est embauchĂ© en 1958 comme consultant chez Olivetti. En tant que tel, il sera l’un des crĂ©ateurs du premier ordinateur italien ELEA 9003, en 1959. En 1969, il conçoit sa machine Ă  Ă©crire rouge Valentine, aujourd’hui considĂ©rĂ©e comme l’une des crĂ©ations les plus significatives du design du XXĂš siĂšcle. Ayant rejoint le Studio Alchimia, il fonde par la suite en 1981 le groupe Memphis avant de se concentrer sur sa propre agence Sottsass Associati. Il travaillera entre autres pour Alessi, Esprit et participera au projet de crĂ©ation de l’aĂ©roport de Milan Malpensa. Ce laurĂ©at de nombreux prix (le prix italien Compas d’Or), prĂ©sent dans les collections des grands musĂ©es (MOMA de New York, Centre Pompidou, Paris), s’est attachĂ© tout au long de sa carriĂšre Ă  proposer une oeuvre entre art, architecture et design.

Ce laurĂ©at de nombreux prix (le prix italien Compas d’Or), prĂ©sent dans les collections des grands musĂ©es (MOMA de New York, Centre Pompidou, Paris), s’est attachĂ© tout au long de sa carriĂšre Ă  proposer une oeuvre entre art, architecture et design.
Instigateur d’un art radical, oĂč mobilier, verre, cĂ©ramique, design et bijoux embrassent toutes les possibilitĂ©s offertes par le nouveau langage lexical du modernisme, qu’il a mis au point, le crĂ©ateur a dessinĂ© ici des piĂšces oĂč exubĂ©rance, pluralisme, historicisme et humour sont confondus, et oĂč l’objet ne doit plus s’apprĂ©hender de façon technique et fonctionnelle, mais prĂ©sente un vocabulaire plus affectif, symbolique et poĂ©tique.

Hautement dĂ©coratifs et Ă©clectiques, ces vases Ă  l’élĂ©gante opulence, dĂ©ploient une symphonie de formes et de couleurs, libĂ©rant le designer de l’enfermement qu’une unitĂ© stĂ©rilisatrice pourrait lui confĂ©rer. Pour cette exposition, l’artiste fait en effet Ă©clater variĂ©tĂ© des silhouettes, galbes et teintes, Ă  l’image de l’art radical dont son oeuvre est empreinte.

Parfois mutins, parfois narratifs, tantĂŽt masquĂ©s, tantĂŽt chapeautĂ©s, quelquefois hirsute, d’autres fois nu-tĂȘte, ces petits esprits grimĂ©s, nous regardent et nous observent avec magnĂ©tisme et majestĂ©, la digne aristocratie de certaines piĂšces Ă©tant tempĂ©rĂ©e par le caractĂšre enfantin et espiĂšgle de certains vases, oĂč enthousiasme et spontanĂ©itĂ© se cĂŽtoient, un Ă©lĂ©ment dĂ©coratif s’esquivant d’une forme robuste et ferme, un panache colorĂ© se dressant sur un rĂ©cipient sombre et gris. La riche versatilitĂ© de son travail se retrouve dans la volontĂ© de transcendance que Sottsass veut confĂ©rer Ă  son oeuvre : un universalisme culturel, une hybridation ethnique, adoptant une posture Ă  la fois expĂ©rimentale et anthropologique. Ettore Sottsass propose un nouveau langage pour ces vases Ă  agencement anthropomorphique, Ă©pousant des formes plastiques Ă  l’énergique Ă©loquence, dont le symbolisme et le nom rappellent les Kachinas. En effet, fidĂšle Ă  son habitude d’établir une constance entre passĂ© lointain, culture populaire et contemporanĂ©itĂ©, de maniĂšre Ă  rĂ©vĂ©ler le potentiel culturel de son design, ces piĂšces sont des interprĂ©tations des poupĂ©es Kachinas, les esprits de la mythologie des indiens Hopis et Zunis du Nouveau- Mexique et de l’Arizona, au Sud Ouest des États-Unis, dont Sottsass a peut-ĂȘtre pu s’imprĂ©gner lors de ses nombreux voyages aux Etats-Unis.

Dans cette culture amĂ©rindienne, les Kachinas sont des esprits, esprits du feu, du serpent, de la pluie, ou encore esprits farceurs, espiĂšgles, bienfaisants ou malfaisants. Une sorte d’inventaire du monde visible et abstrait. A l’occasion de fĂȘtes rituelles, ces esprits s’incarnent dans des danseurs masquĂ©s et costumĂ©s. Des poupĂ©es de bois peintes de vives couleurs, Ă©galement nommĂ©es Kachinas et reprĂ©sentant ces danseurs, sont offertes aux enfants, Ă  l’issue des fĂȘtes, pour qu’ils se familiarisent avec le monde des esprits.

Ces vases, par leur caractĂšre inĂ©dits et le faible nombre auxquels elles ont Ă©tĂ© conçues, sont rĂ©vĂ©lateurs de la pensĂ©e d’Ettore Sottsass en un art Ă  l’opposĂ© de la production de masse, de l’hyper-consumĂ©risme dont l’artiste voulait se dĂ©partir. Conçus en verre soufflĂ©, les diffĂ©rents Ă©lĂ©ments sont collĂ©s Ă  chaud, ces piĂšces rĂ©vĂ©lant l’association de la matiĂšre plus qu’une dĂ©composition en un seul Ă©lĂ©ment. Le jeu de transparence et d’opacitĂ© prĂ©sentĂ©es par chacune de ces piĂšces faites de formes pleines et d’élĂ©ments effilĂ©s se rĂ©pond d’une piĂšce Ă  une autre crĂ©ant ainsi une dynamique narrative. Loin des formes architecturĂ©es et strictement gĂ©omĂ©triques par lesquels Ettore Sottsass construisit ses cĂ©lĂšbres totems, oĂč cercles et carrĂ©s se superposent verticalement, les lignes douces et courbes transmettent un aspect sensoriel et spirituel, plus qu’intellectuel, rĂ©vĂ©lant chez Sottsass toute l’évolution de son travail, et de son alphabet.

C.R. Victoria Mirzayantz

Demande de renseignements : Ettore Sottsass, « Kachinas »

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