En 1955, sâouvre au MOMA une grande exposition dâarchitecture qui inaugure un nouveau regard sur la crĂ©ation architecturale en AmĂ©rique Latine et son importance au niveau mondial : Latin American Architecture since 1945. Bien que les architectes sud-amĂ©rcains soient moins connus internationalement, Ă cette Ă©poque – lâAmĂ©rique et lâEurope prĂ©dominent encore – il existe pourtant plusieurs courants architecturaux, imprĂ©gnĂ©s dâorigines historiques diverses, complĂ©tĂ©s de ModernitĂ©s occidentales.
Cette influence euro-amĂ©ricano-hispano-indienne rĂ©vĂšle en fait une sensibilitĂ© architecturale propre Ă lâAmĂ©rique Latine qui se dĂ©couvre Ă travers de nombreuses constructions, tant privĂ©es que publiques.. Pour couvrir cette importante pĂ©riode de lâaprĂšs-guerre (1945-1990), lâexposition sâaxera sur trois personnalitĂ©s majeures de premier plan : un Mexicain (Luis Barragan) et deux autres brĂ©siliens (Zanine Caldas et Oscar Niemeyer) pour lesquels lâarchitecture et le mobilier ont Ă©tĂ© des Ă©lĂ©ments importants, dĂ©terminants, liĂ©s ensemble bien sĂ»r et faisant toujours partie de leurs vies crĂ©atives.
Luis Barragan se tourrne trĂšs rapidement vers lâarchitecture moderne, Ă la fin des annĂ©es 20, alors quâil entreprend un voyage en Europe pour y dĂ©couvrir diffĂ©rents courants, en Allemagne, en France, en Angleterre et en Espagne. En 1931, il se rend Ă Paris pour y Ă©couter une confĂ©rence de Le Corbusier sur lâarchitecture moderne concernant avant tout les villas Savoye et Stein..
A cette mĂȘme Ă©poque au BrĂ©sil, Oscar Niemeyer rĂ©flĂ©chit avec Lucio Costa â les futurs architectes de Brazilia â Ă la conception dâun nouveau bĂątiment pour le ministĂšre de lâEducation et de la SantĂ©. A la suite de nombreux Ă©changes avec Le Corbusier, ils rĂ©alisent en 1936 un immeuble dont les idĂ©es phares de Le Corbusier se trouvent vĂ©hiculĂ©es dans cette nouvelle architecture moderne brĂ©silienne.. De lâarchitecture europĂ©enne avant-gardiste (Mies van Der Rohe, Walter Gropius, Le Corbusier) mais aussi amĂ©ricaine (Frank Lloyd Wright), Oscar Niemeyer inventera et dĂ©finira son propre style qui se reportera aussi sur le mobilier, dans les annĂ©es 60-70.
En 1935, Luis Barragan sâinstalle Ă Mexico, devenue dans les annĂ©es 20-30, un Ă©picentre culturel, intellectuel et artistique de lâAmĂ©rique Latine oĂč se cĂŽtoient de nombreux artistes locaux et internationaux ; parfois Ă©migrĂ©s pendant la guerre. Les annĂ©es 50-60 sont une pĂ©riode de grand dĂ©veloppement oĂč Luis Barragan rĂ©alise plusieurs maisons privĂ©es , dans le quartier de San Angel Ă Mexico, qui lui permettent de dĂ©velopper et dâaffiner son style. Fonctionnaliste et dĂ©pouillĂ©, les couleurs du Mexique traditionnel y resurgissent (rose, bleu, rouge). La nature est aussi trĂšs prĂ©sente tout comme la lumiĂšre et les formes minimales que peuvent crĂ©er les ombres ; tout est trĂšs rĂ©flĂ©cdhi dans ces espaces intĂ©rieurs et extĂ©rieurs. Sa derniĂšre maison : la Casa Gilardi (1975) clĂŽt plus de 30 ans de recherches !
De ses architectures gĂ©omĂ©triques, nĂ© un mobilier extrĂȘmement dĂ©pouillĂ© en bois traditionnel â le sabino – qui accompagne avant tout lâarchitecture IntĂ©rieure du lieu. Le mobilier devient rapidement un complĂ©ment de lâarchitecture intĂ©rieure !
Au BrĂ©sil, apparaĂźt dĂ©s le milieu des annĂ©es 50, un Ă©bĂ©niste de renom : Zanine Caldas, sensible aux diffĂ©rents aspects que peuvent mettre en avant les bois brĂ©siliens. Tout au long des annĂ©es 60-70, il rĂ©alise des meubles en bois exotiques pour de somptueuses villas modernes aux espaces ouverts. FascinĂ© par le bois quâil rĂ©cupĂšre â et particuliĂšrement le pequi â il dessine des meubles aux formes organiques, massives qui mettent le bois en majestĂ©.
Mais ses recherches vont plus loin puisque, dĂ©s le dĂ©part, il respecte des traditions ancestrales qui ont toujours pris en compte la protection de la nature : la ForĂȘt amazonienne. Avec son regard Ă©cologique qui lui est propre, il montre comment pour Ă©viter de gĂącher du bois, il travaille directement Ă partir de troncs rĂ©cupĂ©rĂ©s, non utilisĂ©s ! ! Les souches de bois restantes vont dans la rĂ©alisation dâautres meubles, voir dâĂ©lĂ©ments dâarchitecture .. Câest une rĂ©flexion bien dâactualitĂ© !
Du mobilier il se tournera, Ă la fin de sa vie, vers lâarchitecture, oĂč le bois, dans la construction, permet de crĂ©er des espaces vraiment nouveaux.
Oscar Niemeyer sâexile en France en 1964, avec comme bagage, la reconnaissance internationale de son architecture. Il rĂ©alise quelques bĂątiments cĂ©lĂšbres en France avec, tout dâabord, le SiĂšge du Parti Communiste, Ă Paris (1968-71). Sâen suivront quelques Ă©tudes de projets et autres constructions, comme la Bourse du Travail Ă Bobigny (1978) ou encore la Maison de la Culture du Havre (1982). NĂ©anmoins, il se tourne aussi vers la rĂ©alisation de mobilier avec le soutien de la firme française : Mobilier Internationale, Ă Paris. Il rĂ©alise donc des meubles aux courbes minimales, qui accompagnent ses intĂ©rieurs. EmblĂ©matique des annĂ©es 60-70, ils meubleront certaines administrations et lieux publics de cette Ă©poque, tout comme des espaces privĂ©s, reprĂ©sentatifs de leur Ă©poque..