L’aventure du B.C.C. (1939-1952)
du vendredi 11 mars au samedi 16 avril 2022
Vernissage le jeudi 10 mars 2022
La nouvelle exposition de la galerie Laffanour Galerie Downtown/Paris mettra à l’honneur trois designers et un éditeur ayant beaucoup compté dans le monde de l’après-guerre :
Charlotte Perriand, Pierre Jeanneret, Jean Prouvé et Georges Blanchon.
Au sortir de la guerre, la situation est critique en France, comme en Europe ! La France est divisée en régions administratives qui nécessitent d’importants plans de relance, en partie soutenus par le Plan Marshall ; c’est la période de la Reconstruction. C’est dans ce contexte des années immédiates de l’après-guerre que Charlotte Perriand, Pierre Jeanneret, Jean Prouvé et Georges Blanchon vont soutenir le développement du B.C.C. (Bureau Central de Construction), basé à Grenoble.
Fondé à l’origine en 1939, par Charlotte Perriand, Pierre Jeanneret, Jean Prouvé et Georges Blanchon, sous le nom de B.C.C. (Bureau Central de Construction), celui-ci proposait la réalisation de constructions préfabriquées, suivies de propositions d’aménagement intérieur. La période 1939-1944 qui fonctionne au ralenti, est néanmoins marquée par deux constructions déterminantes : les bâtiments préfabriqués pour l’entreprise S.C.A.L. à Issoire (1939-1940) où Charlotte Perriand réalisa aussi du mobilier et les maisons B.C.C. à Saint-Auban (1941-42). Dés cette époque, quelques meubles apparaissent dont le fauteuil paillé, le tabouret paillé à 4 pieds et la guéridon triangulaire qui seront en partie repris par le BCC ainsi que dans l’aménagement de Méribel. De son côté, Charlotte Perriand dessine aussi pour chez elle un grand bureau ‘en forme’ avec un caisson et un bahut à doubles portes coulissantes.
Au lendemain de la guerre, Charlotte Perriand – qui entre temps est revenue d’Asie en 1946 – commence à travailler sur quelques projets qui lui tiennent à cœur, dont celui de lancer une édition de mobilier en série. Forte de son expérience asiatique, comme conseillère au Japon, pendant deux ans puis son travail de recherche et de réalisation en Indochine, Charlotte Perriand réfléchit avec Pierre Jeanneret – qu’elle a retrouvé – à un mobilier sobre, minimal, simple mais surtout fonctionel et utile. Après d’intenses recherches de financement et de production, le BCC réalise une première édition de mobilier : Equipement de la Maison – Meubles de Charlotte Perriand et Pierre Jeanneret.
Cette édition tout en bois comporte tous les meubles nécessaires à l’aménagement intérieur, allant des tables de salle à manger, assises, tables basses, aux bureaux, meubles de rangement ou encore bibliothèques. Celle-ci présentera une première édition avec certains meubles – comme les bureaux – en bois brut, généralement en pin ou encore des bahuts à portes en aluminium. Puis une seconde édition vers 1949 avec des meubles en frêne, souvent en placage de frêne. Il est à noter que le contrat d’édition d’époque permet aussi à chacun, un travail indépendant, puisqu’en parallèle Pierre Jeanneret est architecte et Charlotte Perriand décoratrice : Charlotte Perriand réalisera donc d’autres équipements intérieurs sous son seul nom.
A l’époque, ces meubles se retrouvent souvent présentés dans des appartement-témoins, comme l’Unité d’Habitation à Marseille, les logements standards à Toulon ou encore la Maison Minimum à l’Exposition Internationale de l’Habitation, Exposition ‘Formes Utiles’..).
Au final, cette édition se fera dans des conditions qui n’ont pas toujours été faciles, dues spécifiquement au contexte de l’Aprés-Guerre. En 1949, Georges Blanchon décide de quitter le bureau de Grenoble, vue le peu de perspective et d’ambition. La même année la collaboration entre Perriand et Jeanneret prend fin alors que Pierre Jeanneret se tourne déjà vers Chandigarh pour construire avec Le Corbusier, la capitale du Penjab. Le BCC s’arrêtera en 1952 alors que Georges Blanchon crée, la même année, le B.C.B. (Bureau de Coordination du Bâtiment) et reprend les éditions jusque dans les années 60. Le mobilier sera entre autres distribué par la Galerie Steph Simon qui édite aussi, à l’époque, les nouveaux meubles de Charlotte Perriand et ceux de Jean Prouvé.